En cette soirée du 28 octobre personne ne se soucie de la querelle des chiffres, les faits sont là : la journée d'action contre la réforme des retraites de jeudi a rassemblé beaucoup moins de monde sur le pavé que les précédentes. Tous les syndicats ont néanmoins réaffirmé leur détermination  face à un gouvernement qui déjà semble être passé à autre chose..

 La tendance est indéniable. Le ministère de l'Intérieur a compté 550.000 personnes dans les rues du pays ce jeudi, soit moitié moins que le 19 octobre dernier. La CGT a, elle, fait état de " près de deux millions " de manifestants, contre 3,5 millions le 19 octobre. La baisse est reconnue par tous et elle se vérifie partout, à Paris, comme en province. Le vote de la réforme des retraites par l’Assemblée nationale, mercredi, et les vacances scolaires, ont sans doute contribué à la démobilisation. Mais les syndicats ne désarment pas.

Des syndicats qui restent déterminés

La CGT refuse de voir dans les manifestations de ce jeudi “un baroud d’honneur de salariés résignés”. “La forte détermination des salariés, des retraités, des jeunes est aujourd’hui, en pleine période de congés scolaires, une réponse spectaculaire au gouvernement et au patronat qui appellent à ranger les banderoles ou à passer à autre chose”, poursuit la confédération dans un communiqué. Sur i-Télé, Bernard Thibault a demandé à Nicolas Sarkozy de “surseoir à la promulgation de la loi”.

Même tonalité chez Force ouvrière, où l’on estime que “la détermination à rejeter ce projet de loi est forte” et qu’”un esprit de résistance s’est installé chez les salariés”. François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, a lui reconnu qu’ "une certaine forme de fatigue plus les vacances égal moins de personnes dans les rues", ajoutant: “C’est pas parce qu’une loi est votée qu’elle est juste et qu’on n’a plus le droit de la contester (...) On prend date aujourd’hui sur l’injustice de cette réforme.” Lundi, le leader syndical avait déjà trouvé une porte de sortie en réclamant des négociations sur l'emploi des jeunes et des séniors.

Moins de perturbations dans les transports et les raffineries

Les grévistes ont été moins nombreux, eux aussi, à la SNCF et dans les aéroports. Dans les stations services, la situation s’améliore aussi. Selon le gouvernement, 85% des stations sont ouvertes et “la situation s’est particulièrement améliorée dans l’Ouest et elle est en train de se rétablir dans le Centre et en Île-de-France”. Du mieux, certes, mais Brice Hortefeux et Jean-Louis Borloo ont tout de même pris le soin d’annoncer jeudi soir un “dispositif particulier pour le week-end prochain” pour “assurer la bonne distribution des carburants”.

Le Parti Socialiste va  se battre contre la promulgation

Les modalités de la poursuite de la contestation seront au menu de la réunion intersyndicale prévue le 4 novembre, juste avant une nouvelle journée de mobilisation, prévue le samedi 6 novembre. On verra alors si le front syndical qui a si bien tenu pendant ces sept journées de manifestations  résistera à l’épreuve du doute. Il y a peu de chances par contre pour que le Président de la République infléchisse sa position. Selon le porte-parole de l’UMP, Dominique Paillé, sur RFI, "la réforme des retraites sera mise au crédit du bilan de Nicolas Sarkozy".

La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a pour sa part estimé que “le débat démocratique a été étouffé” et précisé que “jusqu’au dernier moment, nous nous battrons pour que cette loi ne soit pas promulguée”. Les députés PS ont annoncé qu'ils saisiraient le Conseil constitutionnel mardi. Le feuilleton des retraites n’est donc pas tout à fait terminé.

Source : lejdd.fr  28-10-2010 

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