Le député UMP Julien Aubert a été sanctionné financièrement pour avoir appelé, à plusieurs reprises, la socialiste Sandrine Mazetier, "Madame LE président". Une décision vivement dénoncée mardi 7 octobre par ses collègues dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Deux petites lettres qui font grand bruit. Si l'incident s'est produit lundi 6 octobre dernier au soir dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, il a de nouveau provoqué mardi 7 après-midi plus de 45 minutes de discussion animée. L'auteur : le député UMP, Julien Aubert. Lundi, il a été sanctionné financièrement pour avoir persisté à appeler "Madame LE président" Sandrine Mazetier (PS), refusant d'utiliser l'article féminin.
"Monsieur Aubert, soit vous respectez la présidence de la séance, soit il y a un problème. C'est madame LA présidente ou il y a un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal", avait fini par lui lancer la vice-présidente de l'Assemblée, très agacée par le refus d'obtempérer du député. "Faites un rappel à l'ordre. Moi j'applique les règles de l'Académie française", lui avait alors répondu Julien Aubert. Finalement sanctionné, l'élu du Vaucluse sera privé, pendant un mois, de 1.378 euros, soit le quart de l'indemnité parlementaire.
"Je n'ai fait que parler français"
Une sanction qui n'est pas passée dans les rangs de l'UMP. Mardi, ses collègues venus en masse - par la voix de leur chef de file Christian Jacob - ont dénoncé une décision "scandaleuse" et demandé au président de l'Assemblée, Claude Bartolone, le respect de "la liberté de parole des députés" en annulant cette sanction. Sans succès. Puisque ce dernier a répondu "qu'à l'évidence, Julien Aubert avait eu une attitude provocatrice remettant en cause l'autorité de la présidence".
"On me sanctionne au même rang que quelqu'un qui aurait fait un doigt d'honneur à la présidence. Je n'ai fait que parler français : mea maxima culpa", a ironisé mardi Julien Aubert auprès des journalistes. "Quelqu'un qui préside une séance peut sanctionner un député sans contrôle car elle est idéologiquement opposée à ce qu'on utilise certains termes", a-t-il également dénoncé.
Le coprésident du groupe des Verts, François de Rugy, a rappelé que Julien Aubert n'en était pas "à son coup d'essai". Il s'était déjà accroché en janvier avec Sandrine Mazetier, la vice-présidente de l'Assemblée lançant au député qui avait masculinisé son titre : "Monsieur la députée, vous étiez la dernière oratrice inscrite."
"Il s'agit d'un usage parlementaire codifié"
Ses collègues UMP ont décidé de se cotiser pour compenser sa perte financière. "Vaut mieux s'appeler Thévenoud qu'Aubert pour avoir ses indemnités", ont déploré plusieurs d'entre eux dans une allusion à Thomas Thévenoud, qui n'a pas démissionné de l'Assemblée nationale en dépit de ses déboires fiscaux et continue donc de toucher son indemnité.
Dans l'hémicycle, la gauche a souligné que Sandrine Mazetier n'avait fait que suivre une instruction du bureau de l'Assemblée, prise en 1998 et rappelée en 2000, qui fait obligation de féminiser les fonctions exercées dans l'Assemblée par des femmes. "Il s'agit d'un usage parlementaire codifié", a souligné Claude Bartolone. Même si c'est la première fois qu'elle fait l'objet d'une sanction, la féminisation des titres donne régulièrement lieu à des querelles dans l'hémicycle, car elle est refusée par la plupart des députés de droite.
Cette querelle renvoie à un différend qui, depuis 1984, oppose les gouvernements socialistes à l'Académie française, hostile à la féminisation des fonctions. "Ce n'est pas l'Académie française qui fixe les règles de l'Assemblée nationale, c'est le bureau", a clos mardi Claude Bartolone.
Source : leJDD.fr 07-10-2014
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