Le parti travailliste de Gordon Brown est au cœur d'un nouveau scandale outre-Manche. Son camp vient en effet de suspendre quatre de ses membres les plus influents. Ceux-ci sont soupçonnés d'avoir monnayé leur influence sur le cours de certaines réformes du gouvernement. C'est un nouveau coup dur pour le Premier ministre en exercice, alors que les élections législatives devraient se tenir le 6 mai prochain en Grande-Bretagne.

Le parti travailliste britannique, le Labour est à nouveau au cœur de la tourmente. Il vient en effet de suspendre quatre de ses membres les plus importants, dont trois anciens ministres, suite à un reportage diffusé par la chaîne Channel 4, la semaine dernière. Stephen Byers, Geoff Hoon et Patricia Hewitt, ainsi que la parlementaire Margaret Moran, y apparaissent tour à tour, lors d'entretiens avec un chef d'entreprise, tentant de monnayer leur pouvoir d'influence et de "lobbying" sur le gouvernement.

Seulement, ce chef d'entreprise est en fait un journaliste. Travaillant pour le Sunday Times et la chaîne Channel 4, ce dernier enregistre, à l'insu des quatre personnalités, les entretiens en question. Et les révélations sont de taille. L'ex secrétaire d'Etat aux Transports Stephen Byers lance notamment un accablant "Je suis à vendre", se vantant d'avoir conclu des accords allant jusqu'à 5000 livres (5500€).

Enquête en cours

Stephen Byers a tout d'abord relativisé ces déclarations, indiquant avoir "exagéré" son influence. Il n'a cependant pas tardé à se rétracter et à démentir ses propos en précisant "ne jamais avoir fait pression sur des ministres au profit d'intérêts commerciaux." Au centre de la polémique, il a demandé lundi matin à l'organisme de surveillance du Parlement d'enquêter. "Je ne doute pas qu'il confirmera que j'ai respecté le code de conduite des parlementaires et que j'ai divulgué en totalité mes intérêts annexes", avait-il alors lancé.

Le scandale n'a pas manqué d'éclabousser le Premier ministre britannique qui a rapidement réagi à ces révélations. Gordon Brown a ainsi écarté l'idée d'une enquête gouvernementale, que lui réclamait l'opposition, et a estimé que celle demandée en interne au Parlement était suffisante. Dans l'attente des conclusions de l'investigation, il a néanmoins suspendu les quatre protagonistes, mesure relativement exceptionnelle compte tenu de l'importance des quatre personnages.

Une longue série

Quelque soient les résultats de l'enquête et la suite à donner à l'affaire, celle-ci rappelle les précédents scandales qui ont éclaté autour du gouvernement travailliste. En janvier 2009, Gordon Brown avait ainsi dû présenter des excuses publiques, après la révélation par la presse de mails diffamatoires rédigés par son directeur de la stratégie et destinés à ternir la réputation de ses opposants conservateurs.

Quelques mois plus tard, en avril, c'était au tour de l'"affaire des notes de frais" d'ébranler le Premier ministre. La presse révélait cette fois que des députés avaient utilisé leurs notes de frais afin de se faire rembourser des dépenses personnelles par le contribuable britannique. Gordon Brown avait déjà dû prendre des sanctions et avait notamment suspendu l'ancien ministre travailliste Elliot Morley.

Au plus mauvais moment

L'opinion publique s'était alors souvenue des propos de Gordon Brown, lors de son arrivée à la tête du Labour en 2007. Annonçant sa volonté d’être guidé par un "compas moral", il avait notamment prédit une ère de transparence. A la suite des scandales, sa cote de popularité avait évidemment chuté. Avant de remonter ces dernières semaines, à l'orée des élections législatives qui devraient se tenir en mai prochain.

Remontant dans les sondages, le parti travailliste se trouvait en effet, dans de récentes estimations réalisées par l'institut YouGov, au coude à coude avec les conservateurs. Mieux, le système électoral britannique, un scrutin majoritaire par circonscription, leur aurait permis de devancer de justesse le parti de l'opposant David Cameron.

Et celui-ci a bien compris l'avantage qu'il pourrait tirer de la situation. Il a notamment promis de revoir, s'il accédait au pouvoir, le système de lobbying anglais, aujourd'hui en cause. Tout pourrait donc être à refaire, à moins de deux mois du scrutin.

Source : lemonde.fr  23-03-2010     


Informations  MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)