Paris et Berlin peinent à obtenir une caution internationale à leur projet de taxation bancaire, qui devait être au menu du dîner du G20, samedi 26 juin au soir à Toronto.
La taxe bancaire défendue par la France et l'Allemagne est loin de faire l'unanimité au G20. «C'est très difficile, nous ne sommes même pas sûrs d'obtenir qu'elle soit mentionnée dans le communiqué final» indique-t-on dans l'entourage d'Angela Merkel. Paris et Berlin peinent à obtenir une caution internationale à leur projet de taxation bancaire. «Chaque pays est libre de procéder comme il l'entend, mais il n'y a pas d'accord au G8 pour une taxe mondiale », assure le porte-parole du premier ministre canadien Stephen Harper. La taxe bancaire «ne trouvera pas d'accord au sein du G20, c'est déjà acté», renchérit le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi. Canadiens, Australiens et pays émergents sont hostiles à ce prélèvement, alors que leurs banques n'ont pas eu besoin de l'argent du contribuable pour surmonter la crise.
«Quelle que soit la décision de nos partenaires, nous mettrons en oeuvre cette taxe !» a prévenu Nicolas Sarkozy. Mais pour ce faire, la France réclame du G20 un «cadre commun». «Avec l'Allemagne, nous nous battrons pour l'obtenir», insiste-t-il. Par cadre commun, Nicolas Sarkozy entend une déclaration commune reconnaissant l'utilité pour la stabilité d système financier d'une une taxe basée sur les risques. Mais rien ne dit qu'il obtienne cette phrase, ou l'équivalent dans le communiqué final.
Vertus anti-crise
La taxe bancaire devait être au menu du dîner du G20, samedi soir, à Toronto. Chaque pays donnera son point de vue. Très offensifs, Paris et Berlin souhaitent que le G20 reconnaisse les vertus anti-crise de la taxe bancaire, au même titre que les normes en capitaux propres. «Pour nous, la taxe est une alternative à la surcharge en capital» confirme-t-on côté français. Pour les banques européennes, moins capitalisées que leurs concurrentes nord-américaine, la taxe systémique serait, en effet, un moindre mal…
Hormis les Européens, peu de pays l'entendent ainsi. «Pour limiter les comportements à risques, la plupart des pays jugent plus utile d'augmenter les exigences en capitaux propres des banques» confie une source proche des négociations. Les Etats-Unis, qui ont négocié une taxe à 19 milliards de dollars, dans le cadre de leur nouvelle réforme financière, ne présentent pas la taxe comme un outil de prévention, mais plutôt comme une réserve de précaution pour préserver les deniers publics, en cas de faillite forcée d'une banque.
Source : leFigaro.fr 26-06-2010