François Hollande a délivré mardi 5 février au matin son premier discours devant le Parlement européen, à Strasbourg. Objectif : donner, enfin, sa vision de l'Union européenne. Après le flou qui avait suivi les élections présidentielles pendant lequel François Hollande se disait partisan de la rigueur budgétaire mais aussi de la croissance, le Président a enfin été clair sur un certain nombre de sujets. Les partenaires de la France attendaient cet éclaircissement. Il n’est pas sur d’ailleurs qu’ils en soient tous ravis !..
Sur le budget
Le président français François Hollande a affirmé qu'il fallait "faire des économies oui, affaiblir l'économie, non". Il a ainsi décliné quatre principes : "un niveau de dépenses qui préserve les politiques communes", une "politique de cohésion pas seulement pour les pays bénéficiaires mais pour l'ensemble de l'Europe", une "politique agricole qui permette de renforcer une industrie précieuse" et de "respecter l'environnement" et un "cadre financier qui doit prolonger le pacte de croissance". Il a martelé qu'il ne voulait pas voir augmenter ni les "chèques", ni les "rabais".
Les Européens et la crise
Le chef de l'Etat français a aussi estimé que "l'intérêt national est en train de prendre le pas sur l'intérêt européen". "S'il est vrai que la crise de la zone euro est désormais largement derrière nous, nous sommes loin d'en avoir tiré toutes les conséquences. Ce qui nous menace, n'est plus la défiance des marchés, mais c'est celle des peuples", a-t-il mis en garde.
L'économie
Selon François Hollande, l'Europe "s'honore d'être un grand marché mais le défend mal et laisse sa monnaie vulnérable". "L'Europe est un continent où la croissance est trop faible, où un chômage de masse révèle la profondeur de la crise", a-t-il ajouté. Il juge que le "moment est venu de lancer le grand chantier de l'approfondissement économique et monétaire". "La France y est prête", a-t-il assuré en plaidant pour "l'intégration" et la "solidarité".
La monnaie
"L'Europe laisse sa monnaie l'euro vulnérable à des évolutions irrationnelles dans un sens ou dans un autre", a regretté le président français. "Une zone monétaire doit avoir une politique de change", a-t-il ajouté. « Nous devons réfléchir à la place de notre monnaie, l'euro, dans le monde ». Pour lui, "elle ne peut fluctuer selon les humeurs des marchés".
La philosophie
Pour François Hollande, "l'Europe ne peut se contenter d'être un marché, un budget, une monnaie, elle ne peut pas non plus être une somme de traités". Sans citer le Premier ministre britannique David Cameron, qui souhaite une évolution vers une UE à la carte, M. Hollande a affirmé que "l'Europe ne peut pas être une addition de nations, chacune venant chercher dans l'Union ce qui lui serait utile pour elle et elle seule". "L'Europe est avant tout une volonté politique, c'est-à-dire un engagement où chacun accepte un équilibre des droits et des obligations, où les règles sont respectées, où la confiance crée la solidarité, un projet où on ne peut pas discuter sans cesse des acquis et remettre tout en cause à chaque étape".
Les institutions
Le chef de l'Etat a jugé "légitime de travailler à une nouvelle architecture de l'Union". "Je plaide pour une Europe différenciée. Ce ne serait pas une Europe à deux vitesse qui deviendrait vite une Europe inégale, divisée, ce ne serait pas non plus Europe à la carte, mais une Europe où des Etats décident d'aller de l'avant, d'engager de nouveaux projets, de dégager des financements" dans le cadre de "coopérations renforcées", a-t-il dit. "Depuis trop longtemps l'Europe doute d'elle-même, doute sur ces choix, met trop de temps à prendre des décisions majeures (...) et elle met trop peu de temps à réfléchir à ses orientations et à son architecture d'ensemble", a aussi déploré le président français.
Source : leJDD.fr 05-02-2013
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