Le discours était très attendu. François Fillon allait-il montrer son indépendance retrouvée ? Allait-il prononcer ce fameux discours de « combat » que bon nombre de députés de la majorité attendaient de lui. C’est sous les applaudissements que le Premier ministre est monté à la tribune de l’Assemblée nationale. Une quarantaine de minutes durant, François Fillon a livré, mercredi 24 novembre dans l’après-midi, son discours de politique générale à l'Assemblée nationale. L'occasion pour le Premier ministre, d'une voix forte et grave, de balayer - parfois un peu vite - l'ensemble des grands chantiers réalisés par son gouvernement depuis 2007 et, surtout, de présenter les réformes à venir. Convaincu d'être dans le droit chemin, le locataire de Matignon n'a pas manqué d'accabler "l'immobilisme" de la gauche. "L'usure est la maladie du découragement, la pause, la maladie des indécis", a-t-il conclu, avant de réclamer aux députés un vote de confiance qui lui sera largement accordé dans les minutes qui viennent.
"Un double mandat"
François Fillon estime qu'il est à la tête d'un "gouvernement d'action". Le Premier ministre assure avoir un "double mandat". Le premier, issu de 2007, est "de bâtir un France moderne". Le second est de "gérer la crise économique (...) la plus grave depuis 1929". "Quand on sert l'intérêt général, on ne s'excuse pas du courage, a lancé le Premier ministre. Quand on sert l'intérêt général, l'impopularité d'un jour peut devenir l'estime du lendemain."
La réforme, encore la réforme
"Nous continuerons à réformer", a martelé François Fillon. Le Premier ministre brandit la croissance de la Chine, de l'Inde et d'autres pays émergents pour justifier cette nécessité de réformes. La France doit se transformer pour se hisser au niveau des défis qui seront les nôtres.
La France dans le Monde
"En Afghanistan, nous poursuivrons notre mission de protection", déclare François Fillon, dans un passage consacré au rôle de la France dans le monde. « Le sort de nos otages nous préoccupe inlassablement », ajoute-t-il.
Nouveau réformisme social
Après avoir rappelé les transformations effectuées pour renforcer la représentativité des syndicats de salariés, François Fillon annonce la révision des règles de représentativité des organisations patronales. Par ailleurs, avec la réforme des retraites, "nous avons réaffirmé l'autorité de l'Etat et la légitimité du Parlement", affirme-t-il sans oublier de rappeler que le Pati socialiste a fait, dans le domaine, des promesses qu’il sera incapable de tenir. Le chef du gouvernement affirme par ailleurs qu'"il n'y aura pas de nouvelles dépenses publiques pour relancer la croissance".
Fiscalité
François Fillon déclare que son "premier engagement, c'est qu'il n'y aura pas de hausse d'impôts". Le Premier ministre plaide pour une fiscalité "compétitive", "juste" et "simple". Comme Nicolas Sarkozy, le chef du gouvernement semble faire le deuil du bouclier fiscal... Il appelle à un élargissement de l'assiette: "Pour être légitime, l'impôt doit être juste", lance-t-il, annonçant une vaste réforme - fondée sur une convergence avec l'Allemagne - à l'été 2011.
Déficits
Le Premier ministre rappelle les objectifs de réduction du déficit public français - qui entamera "sa décrue" en 2012. Parmi les engagements pris, le locataire de Matignon confirme la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partants à la retraite
La jeunesse
Le malaise de la jeunesse résulte de "l'immobilisme" qui a trop longtemps régné, explique François Fillon. Et de mettre en avant les réformes entreprises depuis 2007 (lycées, universités, etc.). Le Premier ministre accuse "ceux qui ont pris la responsabilité de faire descendre la jeunesse dans la rue" pour contester la réforme des retraites. "Notre pays reste le pays de tous les possibles pour peu que l'on croit aux valeurs de l'audace de la curiosité et de l'engagement!", certifie le locataire de Matignon, sous les applaudissements de la majorité et les huées de l'opposition.
Le pouvoir d’achat et la crise
"Même au plus fort de la crise, le pouvoir d'achat a progressé", déclare François Fillon, qui rappelle une nouvelle fois l'impératif de "rigueur budgétaire".
Politique de la ville
Traité de "bourgeois de la Sarthe" par Fadela Amara, François Fillon annonce une politique ambitieuse pour la ville, et notamment pour les quartiers sensibles.
Emploi des jeunes et des séniors
Chantier à venir dans l'agenda social, l'emploi des jeunes et des séniors doit faire l'objet de négociations entre syndicats et patronat. "Je leur fais confiance", lance François Fillon qui chante, notamment, les louanges de la formation par l'apprentissage et l'alternance pour "garantir une meilleure insertion professionnelle pour les jeunes".
Le chantier de la dépendance
Annoncé par Nicolas Sarkozy comme l'un des grands thèmes de la fin de son mandat, la question de la dépendance est reprise à son compte par François Fillon. "C'est un sujet majeur", déclare-t-il, appelant les forces publiques du pays à trouver des solutions - de financement surtout - "avant que l'urgence ne s'abatte sur nous".
Lutte contre l'insécurité et l'immigration clandestine
Pour la première fois de son discours, François Fillon s'en prend très directement au PS sur la question de la sécurité. "J'attends que l'opposition joigne ses forces aux nôtres", lance-t-il à la gauche, dénonçant auparavant "vingt ans pendant lesquels elle a fermé les yeux" sur ces questions. Saluant le travail et le courage des policiers, le locataire de Matignon règle ses pas dans ceux du chef de l'Etat lors de son discours de Grenoble. "Aucune relâchement, aucune complaisance ne sont possibles", martèle-t-il.
Réforme de la justice, suites
Nouvelle pique pour la gauche - "impatiente de voir la mise en place d'une réforme qu'elle n'a pas votée" - François Fillon annonce plusieurs chantiers touchant la justice pénale, à commencer par l'instauration de jurys populaires dans des tribunaux correctionnels, la réforme de la garde à vue ou, plus globalement, la mise en place du référendum d'initiative populaire prévu par la réforme de la Constitution.
Conclusion musclée
D'une voix forte, François Fillon conclut son discours par une nouvelle ode aux réformes et au changement. "L'usure est la maladie du découragement, la pause, la maladie des indécis", lance-t-il avec lyrisme et dans une nouvelle attaque contre l'opposition.
Source : lejdd.fr 24-11-2010
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