Premier match et une défaite par KO. Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont tenté lundi 16 mai en fin d’près midi de faire sortir du tribunal de New York leur client en homme libre. La juge Melissa Jackson a ordonné son incarcération immédiate et refusé de le libérer moyennant une caution d'un million de dollars.
Comme n'importe quel prévenu. C'est ainsi que Dominique Strauss-Kahn est apparu lundi devant la juge Melissa Jackson, lors d'une première audience au tribunal pénal de Manhattan. Le patron du FMI est arrivé une première fois peu avant 17h00, heure française, dans la salle d'audience. Vêtu, comme la veille, d'un costume sombre et d'une chemise claire, il semblait fatigué et abattu. Il a notamment dû attendre que d'autres cas soient traités : de petits larcins, dont notamment le dossier d'un homme qui avait volé la carte bleue de sa grand-mère, ont raconté, durant l'audience, des journalistes français sur Twitter. Les images de la justice américaine sont dures..
Ensuite, DSK a dû faire face à une nouvelle humiliation au début de son audience : photographes et cameramen ont pu entrer dans la salle pour immortaliser ce moment. Et la suite a été à l'avenant. L'acte d'accusation reprend les faits de manière très crue et explique que le socialiste a "saisi la poitrine de la plaignante sans consentement", qu'il a "essayé de retirer la culotte de la plaignante et a saisi sa zone vaginale", qu'il a "effectué un contact entre son pénis et la bouche de la plaignante, deux fois, et il a été capable de réaliser ses actes en utilisant la force". Strauss-Kahn fait l'objet de sept chefs d'accusation, dont acte sexuel criminel et tentative de viol et de séquestration
Les rapports des experts corroborent la version de la plaignante
Une version que les avocats Benjamin Brafman et William Taylor, des ténors du barreau américains, ont fermement réfuté. Ils ont proposé de libérer l'ancien ministre moyennant une caution d'un million de dollars. "Il nie ces accusations. Il est présumé innocent selon la loi", a souligné Me Brafman après l'audience. DSK se serait également engagé à résider à New York chez sa fille, ont proposé ses avocats. Le candidat potentiel à la primaire socialiste bénéficie d'une "ligne de défense forte" et il est "tout à fait probable qu'il soit innocenté en fin de compte", ont-ils assuré ensuite.
La juge Melissa Jackson a tout refusé en bloc. "Je suis une juge juste", a-t-elle rappelé aux conseils avant de d'évoquer un risque de fuite du patron du Fonds monétaire international, arrêté samedi à bord d'un avion d'Air France qui s'apprêtait à quitter l'aéroport Kennedy de New York. Citant en exemple le précédent Roman Polanski, elle a ordonné son incarcération car « DSK est un homme influent, qui a beaucoup de connaissances de part le monde et de moyens financiers lui permettant d'éviter de se soustraire à la justice », a-t-elle expliqué. Le parquet a par ailleurs indiqué que les rapports des experts corroboraient les accusations de la plaignante.
"La date de la prochaine audience est fixée au 20 mai 2011", a déclaré le ministère public dans un communiqué. En clair, le patron du FMI restera en prison au moins jusqu'à vendredi. Mais cela pourrait être bien pire. Car, comme aux Etats-Unis, les peines se cumulent, les sept chefs d'accusation énoncés à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn par la justice américaine sont passibles de peines de prison pouvant aller jusqu'à 74 ans et trois mois au total. Fait aggravant, et inconnu jusqu'alors, "l'accusé a eu une relation sexuelle orale et anale avec une autre personne sous la contrainte", peut-on lire dans un document judiciaire révélé par l'AFP
Source : leJDD.fr 16-05-2011
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