Retransmise pratiquement en direct sur les chaines de télévision française, l’audience du 6 juin aura duré à peine 10 minutes. Sans surprise, Dominique Strauss-Kahn a plaidé non coupable lundi lors de sa troisième audience devant la justice américaine. Il s'agit d'"une déclaration forte et éloquente",a dit à la sortie du tribunal son avocat Benjamin Brafman. L'avocat de la plaignante parle quant à lui d'une "agression sexuelle terrible".La guerre des communiqués a commencé entre les deux parties. Compte tenu de l’ampleur qu’a pris cette affaire aux Etats-Unis, il est fort probable que les médias vont participer très largement au bras de fer qui s’engage maintenant.
Sept minutes environ. L'audience de DSK était attendue ; elle fut très brève et surtout très technique. Vêtu d'un costume et d'une cravate sombres, assis entre ses deux avocats William Taylor et Benjamin Brafman, devant sa femme Anne Sinclair et l'une de ses filles (Vanessa), l'ancien directeur général du FMI jouait pourtant gros lundi. Débuté vers 15h25, heure française, ce rendez-vous fut surtout marqué par les premiers mots publics de Dominique Strauss-Kahn depuis son arrestation le 14 mai. Le juge Michael Obus a énoncé les sept chefs d'accusation retenus contre lui et, devant une salle pleine à craquer de journalistes français, il a sobrement répondu "not guilty", non coupable en français. Une affirmation qui n'a pas pu être enregistré, les caméras ne tournant pas encore.
En plaidant non coupable, "DSK" ouvre ainsi la voie à l'organisation de son procès public. Son prochain rendez-vous avec la justice a été fixé au 18 juillet et sera la "première d’une longue série d’audiences préliminaires au procès" dont la date n'est pas encore fixée, a indiqué le bureau du procureur. Lors de ces prochains rendez-vous, il devra affronter la victime présumée, dont les autorités américaines n'ont pas révélé l'identité. Le juge Michael Obus a en outre rappelé que l'accusé ne devait pas d'ici là contrevenir à son très strict contrôle judiciaire. Les sept minutes se sont écoulées. Voilà pour l'audience en elle-même.
Il n'y a pas "eu contrainte dans cette affaire"
Le plus intéressant s'est en fait déroulé en dehors de la salle d'audience. En arrivant, DSK et Anne Sinclair ont dû faire face à un comité d'accueil tonitruant : un groupe de personnes habillées en femmes de chambre, profession de la victime présumée, qui manifestait devant le tribunal, et dont les cris "shame on you!" ("honte à vous!") étaient audibles jusqu'à l'intérieur de la salle d'audience 12 étages plus haut.
Puis les avocats des deux parties se sont (enfin) affrontés par déclarations à la presse interposés, une fois l'audience terminée. De quoi donner la teneur des futurs débats lors du procès. La décision de "DSK" de plaider non coupable est "une déclaration forte et éloquente", a dit Benjamin Brafman, dont la stratégie consiste depuis le début de l'affaire à rejeter les accusations dont fait l'objet son client. "Il va apparaître clairement qu'il n'y a pas d'élément fort montrant qu'il y a eu contrainte dans cette affaire, toute suggestion du contraire n'est tout simplement pas crédible", a-t-il assuré. En clair, DSK et ses conseils vont expliquer que le rapport sexuel était consenti.
"Une agression sexuelle terrible"
Riposte de l'avocat de la victime présumée, quelques minutes après : "C'était une agression sexuelle terrible", a affirmé Me Kenneth Thompson, désormais seul avocat de la plaignante. La victime présumée "est une femme digne et respectable" qui témoignera contre l'ancien patron du FMI, a-t-il promis. "Elle est traumatisée, elle est dévastée. (...) Elle se bat pour son propre respect en tant que femme et se bat pour toutes les femmes à travers le monde qui ont trop peur pour se défendre". "La victime souhaite que vous sachiez que tout le pouvoir, l'argent et l'influence à travers le monde de Dominique Strauss-Kahn n'empêcheront pas la vérité d'éclater sur ce qu'il lui a fait subir dans cette chambre d'hôtel", a-t-il ajouté. Enfin, elle refusera tout accord avec la partie adverse. Le décor est planté. On jouera donc le rapport consenti contre l'agression sexuelle qui, outre son éventuelle violence, porte en elle une symbolique forte.
Désormais, pour DSK et la plaignante, c'est l'attente. Strauss-Kahn devrait rejoindre la maison luxueuse qu'il occupe depuis le 25 mai avec sa femme. Il y est en résidence surveillée depuis sa libération contre une caution d'un million de dollars. Il doit également porter un bracelet électronique. La victime présumée, elle, n'a toujours pas repris le travail.
Source : leJDD.fr 06 juin 2011
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facon 07/06/2011 20:11