En campagne dans les Yvelines pour la présidence de l’UMP, l’ancien chef de l’Etat a galvanisé ses supporters en tapant sur les juges et le Premier ministre. Repoussant à plus tard la présentation d’un programme.

Le "show Sarko, le retour" commence à être rôdé. Après Lambersart (Nord) et Troyes (Aube), la tournée de Nicolas Sarkozy a fait halte lundi  6 octobre au soir dans les Yvelines. Pour sa troisième représentation, à Vélizy, fief électoral de Valérie Pécresse, nouvelle ralliée, l’ancien Président a raccourci la durée, garni la scène avec une trentaine de jeunes militants sur scène derrière lui et essayé en vain de jouer le jeu des questions/réponses. Nicolas Sarkozy préférant plus que jamais accaparer la parole. Parler surtout de lui. Et après tout, c’est ce qu’attend le public tout acquis à sa cause. Environ mille cinq cents personnes, dont une majorité debout, pressées dans la petite salle Louis-Bréguet, dans la banlieue sud de la région parisienne.

 « Pourquoi je reviens »

Pour son retour, Nicolas Sarkozy éprouve une recette qu’il connaît par cœur. Telle une vieille rock star, il a fait le choix du tour de France de ses fans pour leur remonter le moral. Dans son récital, il commence de manière classique par le "Pourquoi je reviens?" Il invoque la "situation humiliante de la France" provoquée par MM. Hollande et Valls ; le risque Marine Le Pen, celle "qui a donné un sacré coup de main à monsieur Hollande en 2012"; les "bagarres dans la famille, un spectacle choquant et ridicule". Pour conclure en se plaçant dans la posture du sauveur : "Je ne pouvais par rester chez moi et dire tout va bien".

Un tacle pour Alain Juppé

Viens la deuxième partie et sa longue ode au rassemblement. "Si jamais je devenais président de notre famille (il ne prononce plus le sigle UMP), il n’y aura pas de sarkozyste, pas de filloniste, pas de juppéiste, ni de lemairiste. Il n’y aura pas de clan, pas de tendance, ni de chapelle dans la cathédrale". Avant de glisser un tacle sous les pieds de Juppé, son plus grand rival dans les sondages, bien décidé à l’affronter dans la primaire présidentielle : "La médaille olympique c’est le jour de la finale qu’il faut la gagner."

Les flèches contre manuel Valls

Viens ensuite la troisième partie, celle des figures imposées par l’actualité. A ce petit jeu-là, il n’échappe pas à la question sur le mariage pour tous. Sarkozy a bien du mal à sortir de l’ambiguité. Même sa phrase du jour - "la réécriture de la loi sera obligatoire" - ne déclenche pas un tonnerre d’applaudissement. Pas plus que la promesse de "verrous" pour bloquer la PMA et la GPA. Alors il se rattrape en tapant sur la politique familiale du gouvernement. Sarkozy récolte un meilleur succès avec ses flêches répétées visant Manuel Valls. Une première pour se moquer de "ce chef du gouvernement qui va en Allemagne pour demander à nos amis d’aller moins vite". Une seconde pour railler le candidat à la primaire socialiste qui était pour la GPA et qui aujourd'hui "promet de faire une campagne dans le monde entier" pour interdire la GPA. "Quel cynisme!" tonne Sarkozy sous les applaudissements.

"Les histoires Bygmalion"

Le numéro Sarkozy s’essouffle un peu quand l’ancien Président tente de justifier pourquoi il n’a pas abrogé les 35 heures et pourquoi il n’est pas favorable à repousser l’âge de la retraite. En fait, il réclame du temps pour peaufiner son programme.

Viens le final de ce show d’une heure et demie. C’est l’heure de se déchaîner contre les juges qui le traitent comme un délinquant, qui le poursuivent avec les "histoires Bygmalion", Karachi, Kadhafi, Bettencourt, sans compter la mise sur écoutes. "Cela a beaucoup renforcé ma détermination", conclut-il en désignant sans citer son nom le journaliste de Mediapart qui enquête sur lui. Effet garanti auprès de militants galvanisés et prêts à défendre leur champion.

Exactement ce que cherche l’ancien Président qui a prévu de poursuivre sa tournée jusqu'à la fin du mois de novembre. L’opération est efficace et sera couronnée d’un succès évident pour la conquête de l’UMP. Reste à savoir comment il va dépasser le cercle des seuls adhérents de l’UMP.

Source : leJDD.fr  06-10-2014

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