La loi Lagarde de 2010, qui luttait contre les arnaques des prêts aux particuliers, ne suffit pas. On nous avait expliqué (à l’époque !..) que le crédit « revolving » était un outil « indispensable » pour la grande distribution et pour les sociétés de vente par correspondance et que, par conséquent, il était impossible d’y toucher !.. Je m’étais élevé à plusieurs reprises dans ce Blog contre cette pratique scandaleuse utilisée largement par les grandes surfaces auprès des clients les plus faibles et souvent les plus pauvres. Une réforme plus radicale est en chantier pour éviter les dérapages et le surendettement.
C’est un pousse-au-crime qui se glisse dans le portefeuille sous l’aspect d’une carte de fidélité. Une tentation permanente à acheter toujours plus et sans compter. Le crédit « revolving » ou renouvelable, cette réserve d’argent disponible à volonté à un taux d’intérêt exorbitant, est en sursis. Benoît Hamon, le ministre délégué à la Consommation, relance le débat : supprimer ce crédit tentateur ou l’encadrer plus strictement. Le candidat Hollande avait fait la promesse de "fermer cette trappe à endettement". Prudent et pragmatique, l’ancien porte-parole du PS prépare le terrain de bataille pour la rentrée.
Il ne manque pas de munitions. En avril dernier, l’UFC-Que choisir a une nouvelle fois dénoncé les pratiques commerciales liées au crédit renouvelable. L’étude révèle que la loi Lagarde de juillet 2010, destinée à contrôler les établissements financiers et les grandes surfaces, est mal appliquée. L’association a même assigné en justice, pour non-respect de la loi, Cetelem, Cofidis, Sofinco, Financo et Cofinoga. Ainsi que les enseignes But, Fly, Carrefour et Cora.
"Lutter contre l’endettement"
Loin de réclamer la mort du crédit, l’UFC-Que choisir exige trois réformes. La première concerne le choix du crédit. Face aux clients, les vendeurs doivent proposer une solution alternative (un prêt classique) au crédit renouvelable. Autre demande, le revolving ne doit pas être associé à une carte de fidélité : on accepte avec naïveté une carte en magasin pour découvrir ensuite la réserve d’argent prête à être dépensée. Enfin, la solvabilité de l’emprunteur doit être exigée lorsque le prêt atteint 1.000 euros. Ce sont des règles simples qu’il est très facile d’appliquer pour les surfaces de ventes. Il est également très facile de contrôler si elles sont vraiment appliquées et l’on se demande bien pourquoi, après plusieurs années de palabres, elles ne sont toujours pas en vigueur !..
En juin, un rapport du Sénat a lancé une nouvelle charge. Les signataires, l’ex-sénatrice PS Anne-Marie Escoffier devenue ministre de la Décentralisation et la centriste Muguette Dini, avancent une dizaine de propositions. Elles préconisent, entre autres mesures, de bannir toute prime qui incite les vendeurs à faire souscrire des crédits. Muguette Dini est déterminée : "Je prépare pour la rentrée une proposition de loi qui reprendra notre travail. Il faut lutter contre les sources d’endettement."
Une consommation atone
Un combat délicat, car le crédit est un accélérateur de consommation. Or celle-ci est atone, elle enregistre un recul de 0,2% au deuxième trimestre. Et les prévisions pour l’année 2012 ne sont pas encourageantes. Faut-il agir ou attendre des jours meilleurs? Les professionnels du crédit temporisent. « À trop brider le financement des ménages, on risque de pénaliser l’activité des commerçants et de mener la consommation 'dans le mur' », alerte Pascal Roussarie, directeur de l’Observatoire Cetelem. « Il faut cesser de diaboliser le crédit en appliquant la loi Lagarde. » Les organismes brandissent la menace de plans sociaux. Leur secteur emploie des bataillons de salariés en agences ou dans les centres d’appels. Avec la crise, leur activité se contracte. Ils traquent les économies. Cofinoga (Galeries Lafayette et BNP Paribas) a annoncé plus de 400 suppressions en début d’année. Crédit agricole Consumer Finance, qui distribue les marques Sofinco et Finaref, a confirmé 213 départs. Entre consommation et emploi, Benoît Hamon devra choisir.
Le Lobby des prêteurs professionnels et des grandes surfaces est très puissant et le chantage à l’emploi est un argument maintes fois évoqué. On ne créé pas de l’activité en « piégeant » des ménages pour les conduire au surendettement. Remplacer le crédit renouvelable par un crédit classique ne devrait pas faire perdre d’activités dans les sociétés spécialisées mais par contre c’est surement pour elles un peu moins lucratif !...
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facon 06/08/2012 20:01
facon 06/08/2012 19:31