On ne s’attendait guère à une surprise : le parti de la junte au pouvoir en Birmanie annonce mardi 9 novembre avoir largement remporté les élections législatives de dimanche. Ce premier scrutin « pluraliste » depuis vingt ans a été vivement critiqué par la communauté internationale, qui y a vu un simulacre de démocratie. En effet, dès avant les élections, les dés étaient déjà pipés. La constitution avait défini des règles qui faussaient considérablement les résultats : le parti d’Aung San Suu Kyi était empêché de participer, 25 % des sièges étaient attribués d’office aux militaires en exercice et une bonne partie des plus hauts gradés de la junte au pouvoir avaient démissionné de leur poste pour se transformer en « civils » et se présenter aux élections.. L'issue du scrutin ne faisait guère de doute !...

A l'issue de ses premières élections pluralistes depuis vingt ans, rien n'a changé en Birmanie. Le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USPD), créé par la junte birmane pour la représenter aux élections législatives de dimanche, a revendiqué la victoire mardi. Selon un haut responsable, la formation qui soutient le général Than Shwe à la tête du pays a remporté environ 80% des sièges. De même source, seuls six des 91 sièges à pourvoir à Irrawady et deux des 105 sièges en jeu à Mandalay - deux divisions administratives parmi les plus grandes de Birmanie, qui en compte 14 au total - ont échappé à l'USPD.

Des résultats aussitôt dénoncés par les deux plus importants partis pro-démocratie en lice lors de leur scrutin, à savoir la Force démocratique nationale (FND) et le Parti démocratique. S'ils ont reconnu leur défaite, ils ont en revanche accusé l'armée d'avoir truqué les résultats. Au total, six formations ont porté plainte pour fraude auprès de la commission électorale, dénonçant notamment l'obligation faite aux fonctionnaires de voter par anticipation pour l'USPD. De son côté, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) - emmenée par la dissidente Aung San Suu Kyi et qui avait choisi de boycotter ces élections - n'a pas encore commenté ces premiers résultats.

Obama donne de la voix

La communauté internationale, elle, a vivement dénoncé ce scrutin, le Japon, les Etats-Unis et l'Europe y voyant un simulacre de démocratie destiné à renforcer la dictature en place depuis un demi-siècle. Pour Barack Obama, actuellement en tournée en Asie, ces élections ont été "tout sauf libres et justes". Le président américain a, par ailleurs, renouvelé son appel "aux autorités pour libérer immédiatement et sans condition Aung San Suu Kyi et tous les prisonniers politiques".

L'Union européenne, par la voix de sa responsable de la diplomatie, Catherine Asthon, a quant à elle estimé que "de nombreux aspects de ces élections [n'étaient] pas compatibles avec les standards reconnus à l'échelle internationale". Seule l'Asean (Association des nations du sud-est asiatique), actuellement présidée par le Vietnam, a estimé que ce scrutin représentait un "important pas en avant".

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