La guerre pour la succession de Serge Dassault est ouverte. Depuis le début de l'été, la famille s'échange des mots doux dans la presse. « J'ai toujours été le plus beau et le plus intelligent », ose l'aîné. « Dans la famille, on l'appelle Iznogoud », réplique le cadet. Le plus sévère, c'est le père lui-même. A 84 ans, il n'est pas pressé de passer la main.

« Je suis un peu comme le prince Charles »

Olivier Dassault, 58 ans, perd patience. Le 1er juillet, l'aîné des quatre enfants Dassault explique dans La Croix qu'il est « clairement candidat à la succession » : « Quitte à fâcher certains, je pense être sincèrement le plus qualifié (…). Au fond, je suis un peu comme le prince Charles qui attend toujours et ne régnera peut-être jamais (…). Je suis candidat pour le jour où. Quand (mon père) sera décidé, pas avant, en aucune façon je n'ai envie de lui dire : ôte-toi de là que je m'y mette. »

Serge Dassault, justement, n'est pas « décidé ». Il répond le jour même, sèchement, dans un communiqué adressé à l'AFP : « A la suite des propos de mon fils Olivier, je déclare que ma succession n'est pas ouverte. Il ne s'agit, ni d'une campagne électorale ni d'une affaire publique mais d'une décision familiale qui n'est pas à l'ordre du jour. Au moment opportun, une décision sera prise par un comité que j'ai mis en place depuis plusieurs années. »

« Mon père l'a toujours mal vécu »

Olivier laisse passer une semaine, puis se livre dans le Courrier picard. Il reproche à La Croix d'avoir transformé en déclaration de candidature ce qui devait être « un papier de soutien à mon père, une sorte d'ode un peu sentimentale ».

Ces sentiments auraient intéressé Freud : « J'ai été nommé très jeune à des fonctions importantes aux côtés de mon grand-père. Mon père l'a toujours mal vécu. »

Pourtant, Olivier a suivi la voie paternelle. Lui aussi, il est devenu ingénieur, puis homme politique : Olivier est député UMP de l'Oise, Serge sénateur de l'Essonne. Et lui aussi, il a passé l'essentiel de sa carrière à attendre : Serge n'avait pris le contrôle du groupe qu'à 61 ans.

Olivier, passionné de photo et de musique, peut au moins compter sur sa mère : « Elle dit toujours que je suis formidable, le plus intelligent et très créatif (…). Pour mon père, tout cela est secondaire. Quand il vient à l'une de mes expositions, il est plus impressionné par la présence des ministres que par ce qu'il y a sur les murs. »

« Mes fils se font beaucoup mousser »

Ce jeudi, Olivier en rajoute dans un article du Nouvel Observateur : « J'ai toujours été le plus beau et le plus intelligent… alors mes frères sont jaloux. » Mais Laurent, 56 ans, n'est pas en reste : « Dans la famille, on a surnommé Olivier Iznogoud parce qu'il est obsédé par l'idée de devenir calife à la place du calife. Mais en a-t-il seulement les capacités ? »

Serge, lui, prend un malin plaisir à faire monter la tension. Il explique au Nouvel Observateur :  « Mes fils se font beaucoup mousser mais en réalité ils ne font pas grand-chose. Ils ont peut-être eu trop de facilités. Dans le groupe, personne ne les connaît. »

« Il nous punit »

Pas vraiment le genre de remarques qu'on attend de son père. « C'est un peu dur », réagit rapidement Laurent sur Challenges.fr : « Il est obligé d'avoir cette réaction parce que ce genre de choses ne doit pas se passer sur le devant de la scène. Il nous punit, il a raison. Dire que, dans le groupe, personne ne nous connaît, c'est fou. J'y travaille depuis 1977. »

Pourtant, promet Laurent, « il n'y a pas de guerre de succession ». Et pour mettre fin au feuilleton médiatique, il suggère « une charte de communication familiale ». Il attend encore la réponse d'Iznogoud.

Source : Eco89  26-07-2009