En chute libre. Tel est l'état du commerce extérieur français, à en juger par les données publiées ce vendredi 6 février par les Douanes : le déficit commercial a, en effet, atteint 55,7 milliards d'euros en 2008, soit 3 points de PIB environ. Un record -jugé "historique" par la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Anne-Marie Idrac-, qui bat largement celui de 40,6 milliards d'euros établi en 2007. La France accuse ainsi sa cinquième année d'affilée de déficit. Sur l'année, les exportations ont augmenté, pour atteindre 409,6 milliards d'euros, contre 401,3 milliards en 2007, et les importations ont encore plus nettement progressé, à 465,3 milliards d'euros, contre 442 milliards un an plus tôt. 

Cette situation "reflète la crise", a estimé vendredi Anne-Marie Idrac. "Nos importations en provenances des principales économies européennes ont reculé de 9% pour l'Italie, de 8% pour le Royaume-Uni, de 15% pour l'Allemagne et de 23% pour l'Espagne". En forte hausse au premier trimestre, les exportations vers l'Union européenne se sont repliées par la suite. Les importations en provenance de l'Union européenne ont également reculé à compter du deuxième trimestre. Les exportations françaises ont été mieux orientées vers de nombreuses zones émergentes, comme l'Amérique latine (+18%), l'Asie émergente (+4%) et le Proche et Moyen-Orient (+8%).

Pour résister à la crise, les groupes européens réduisent leur production, leurs effectifs et leurs investissements, tandis que les Etats multiplient les plans de relance, dans un contexte globale de défiance économique. Jeudi, Nicolas Sarkozy a tenté de restaurer la confiance en expliquant ses réformes aux Français, mettant l'accent sur ceux qui "souffrent le plus" et les "classes moyennes inférieures". Le plan de relance touche notamment le secteur automobile, qui dégrade le déficit français pour la première fois. "La chute de la demande chez nos partenaires étrangers" s'est révélée "un phénomène aggravant", a souligné la ministre, citant l'exemple de 200.000 voitures vendues à l'Espagne en 2008 contre 300.000 en 2007. Effet domino : le ralentissement de l'activité automobile a pesé sur les ventes de biens intermédiaires, en net recul au dernier trimestre, selon Bercy. Les exportations de biens d'équipement ont néanmoins été soutenues en 2008 par les livraisons aéronautiques, tandis que celles des biens de consommation ont bénéficié de la bonne tenue des ventes pharmaceutiques, a souligné Bercy.

Aggravée par la crise, la dégradation du déficit est surtout due, au quatre cinquièmes, à la facture énergétique, a insisté Bercy. La chute des prix du pétrole fin 2008, dont le baril s'est payé 97 dollars en moyenne l'an passé, devrait ainsi "alléger fortement la facture énergétique en 2009", a estimé le ministère. "Le coût du baril a atteint un niveau historique, cela va s'arranger cette année", a confirmé Anne-Marie Idrac. Le reflux des cours du baril a d'ailleurs permis la seule relative bonne nouvelle de la publication du jour : le commerce extérieur a accusé un déficit de 2,45 milliards d'euros en décembre, réduit par rapport aux 6,02 milliards d'euros enregistrés en novembre (en données corrigées des variations saisonnières). Mais il reflète également le ralentissement de la demande intérieure française.

Source : Les Echos  06-02-2009