Il y a tout juste 30 ans : le 9 octobre 1978 disparaissait Jacques BREL. L'homme, le poète, le chanteur, le comédien, le pilote, le navigateur sont présents dans nos mémoires.
Trente ans d'absence n'ont pas réussi à effacer cette carrière fulgurante (14 ans) à laquelle il a voulu tout mêler : ses fidélités et ses infidélités, ses amis, ses copains, la scène, les studios, les tournées, New York, les Marquises, la maladie.
Avec passion toujours, et démesure souvent, il a chanté l'amour, la tendresse, l'amitié. Il a chanté sa peur de la vieillesse et de la mort. Il a chanté le pays de son enfance déchiré par des querelles stériles dont il préférait rire..
Il a chanté avec des mots qui nous donnent encore aujourd'hui la même émotion que lorsqu'il les interprétaient pour la dernière fois à l'Olympia en 1967.
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le coeur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est, écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien.
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien.
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vien s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien.
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la blonde lorsqu'elle devient Margo
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud, ecoutez-le chanter
le plat pays qui est le mien