C'est en mars 1961 que Jaguar dévoile au monde entier la Jaguar Type E, présentée à la presse en avant première dans le parc des Eaux-Vives, à Genève, le 16 mars. Et tout le monde crie au miracle : ce coupé est alors considéré comme un chef d'œuvre et, près de cinquante ans plus tard, le charme opère toujours.

Conçue au départ comme une auto de compétition, évolution des Type D, plus légère et équipée d'un moteur 6 cylindres de 2,4 litres de cylindrée développant  200 cv, son nom était E type A1, le A pour caisse aluminium. Trois prototypes sont dessinés par Malcolm Sayer, en 1957 et 58. L'usine en décide la commercialisation en 1959 avec une version carrosserie  en acier plus "grand tourisme", la E.

Cette nouvelle Jaguar inaugure l'ère des voitures de sport modernes. Présentée d'abord avec le célèbre moteur XK 3,8 Litres 6 cylindres, trois carburateurs SU, à double arbre à cames en tête (DOHC) de la Jaguar XK150S, la série I se décompose elle-même en deux versions selon la cylindrée du moteur, 3,8 (jusqu’en 1964) ou 4,2 litres. Les modèles étaient d'abord déclinés en coupé ou en cabriolet, puis en 2+2 à partir de 1966. Le coupé 2 places n'est plus fabriqué à partir de la Série 3.

La voiture est non seulement magnifique, mais en plus, elle est bon marché : moitié moins qu'une Mercedes 300 SL, et encore moins qu'une Aston Martin DB4 (celle-ci étant en partie fabriquée à la main, ce qui explique cela) ! Les performances sont elles aussi hors normes puisque le constructeur annonce au lancement une vitesse de pointe de 240 Km/heure !..

Son succès est instantané : tout ce que le monde compte de stars et de "people" en veut une, et notamment aux Etats-Unis où elle fera un malheur jusqu'à la fin de sa production (83% des Type E traverseront l'Atlantique).  Les salons de Paris, puis de Turin en octobre de la même année précédèrent celui de Londres. L'accueil fut partout le même, préfigurant la mondialisation que nous savons.

Toutefois en dépit de ce succès très peu de Type E seront livrées en 1961. Cette série 1 est communément appelée FLAT FLOOR, appellation non officielle mais que les passionnés de la type E connaissent bien. Les fermetures latérales du capot s’ouvrant  à l'aide d'une petite clef en T disparaissent en fin d'année 1961, au profit de fermetures intérieures avec levier de verrouillage à chaque pied de porte. En février 1962, apparaissent des points d'encrage de ceintures de sécurité. Le plancher plat disparaît en juin 1962 pour être remplacé par un plancher creux, dégageant plus de place  sous les pieds des conducteurs.

Le succès aidant, Jaguar sort une deuxième série en 1968, puis immédiatement après (1970) une troisième série. La brève carrière de la série 2 s'explique par le fait que les USA ont entrepris, sous la pression de Ralph Nader, une politique de sécurisation des voitures des plus drastiques : les passagers doivent être mieux protégés mais, paradoxalement, la puissance des voitures n'est pas revue à la baisse, bien au contraire. Donc, Jaguar sort la série 3 que certains trouvent un peu plus pataude (mais tout est relatif) tandis que d'autres lui trouvent une gueule d'enfer qui lui donne un air agressif que les premières n'avaient pas. C'est sous cette forme que la Côte Ouest va littéralement être submergée par ces Type E : toutes les stars d'Hollywood en possèdent au moins une dans leur garage, les dames paradent à leur volant sur les grèves de Malibu, et les badauds les regardent avec une envie non dissimulée. C'est sous cette forme qu'elle cédera la place la XJS, en 1975. Le marché américain absorbera la majorité de la production de la Jaguar Type E 1ère série, soit 43 800 unités sur les 72500, tous modèles confondus,  produites en quatorze ans de carrière, ce qui est énorme pour une voiture de ce type.

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

supercar.net

swisscarsighting.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

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