Les campagnes présidentielles ont toujours donné lieu à des affaires. Cela fait partie de la vie politique même si ces soi-disant révélations déversées sur la place publique sont, bien souvent, de pures calomnies et n’ont pour seul effet que d’accentuer encore un peu plus la défiance de nos concitoyens à l’égard de la classe politique.

Et pourtant l’épisode que nous sommes en train de vivre semble bien inédit. A trois mois d’une l’élection présidentielle cruciale pour la France qui n’est pas dans une situation très florissante, après une campagne de primaire de la droite et du centre qui s’était déroulée de façon exemplaire et qui avait fait émerger un candidat rassurant, calme, honnête et déterminé, voilà que le bateau Fillon semble prendre l’eau de toute part. D’abord les révélations du « Canard Enchainé » à propos du travail d’assistante parlementaire de son épouse et du salaire qui lui était versé, puis l’affaire de la « Revue des deux Mondes » où madame Fillon est accusée d’avoir touché des rémunérations sans grand rapport avec le travail effectivement fourni et enfin, la troisième affaire des chèques versés au sénateurs François Fillon. Une affaire qui ressort d’on ne sait où ?..

Qu’y a-t-il de vrai dans tout cela ? La justice le dira. Mais, pour le moment, le candidat Fillon qui occupait la place du favori voit son image passablement écornée.

En d’autres temps, c’est la gauche qui aurait pu profiter de cette situation chaotique. Malheureusement pour elle, elle s’est empêtrée dans une primaire dite de la « Belle Alliance Populaire » dans laquelle se sont affrontées assez violemment, deux gauches « irréconciliables ». L’une adepte du vieil adage « demain on rase gratis » que Christian Barbier dans l’Express traduisait par « demain on ne se rase plus car on ne va plus travailler » ; l’autre qui prône des recettes expérimentées depuis des décennies et dont tout le monde sait qu’elles ne fonctionnent plus.

Les rêveurs l’ont emporté. Mais sans doute les Français ont-ils besoin qu’on leur redonne un peu d’espoir quitte à prendre l’utopie pour un programme de gouvernement !..Le Parti Socialiste aura du mal à s’en remettre mais il n’y a pas aujourd’hui beaucoup de Français à le regretter.

Côté Front National on joue plutôt profil bas en attendant que Marine Le Pen ait réglé ses démêles avec le parlement de Bruxelles où, elle aussi, a des problèmes avec certains de ses assistants parlementaires.

En ce dimanche soir il y a, sur le papier au moins, un grand perdant : Jean-Luc Mélenchon et un grand gagnant : Emmanuel Macron. Mélenchon parce qu’il voit arriver un rival qui dit représenter la « vraie » gauche et Macron parce qu’il a maintenant un boulevard entre les tenants de la gauche « moderne » et un Fillon qui vacille. Encore faut-il qu’il présente rapidement un programme sérieux et complet, qu’il donne un cap crédible et qu’il fasse, lui aussi, un peu rêver les Français.

Jean-Pierre ECHAVIDRE