Le Président de la nouvelle grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, un Socialiste, a commandé un audit au cabinet d’étude d'Ernst & Young (EY) sur la grande région. Cet audit pointe la mauvaise gestion financière du Poitou-Charentes, Ségolène Royal monte au créneau.
Une nouvelle fois pointée du doigt pour la gestion de l'ex-Poitou-Charentes qu'elle présida pendant 10 ans, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a vertement réagi vendredi 8 avril, disant se "réserver le droit" de porter plainte après des "attaques diffamatoires", estimant que sa réussite régionale "dérange". "Dégradation des ratios financiers", "insoutenabilité budgétaire", "gestion absolument pas maîtrisée" : les élus de la commission des Finances de la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (ALPC) ont cloué au pilori jeudi 7 avril dernier la situation financière de l'ex-Poitou-Charentes, sur la base d'une étude d'Ernst & Young (EY) sur la grande région mandatée par son président PS Alain Rousset.
Un endettement à haut risque
Côte à côte, avec des mots différents, le président de cette commission, Olivier Chartier (Les Républicains) et le vice-président Florent Boudié (PS) ont égrené les "points noirs" relevés par "l'audit flash", dont certains étaient déjà connus. Avec un constat partagé : une situation "alarmante". Parmi ceux-ci, 132 millions d'euros de retards de paiement - déjà révélés en février par Alain Rousset - mais aussi des emprunts toxiques, notamment 56 millions d'euros à "très haut risque" (et 46 millions d'euros "à risque"), une "sous-budgétisation", des opérations engagées non inscrites au budget, une épargne "quasi nulle", des garanties d'emprunt pour 94 millions d'euros dont il faudra analyser le degré de risque.
Pas de panique pour la grande région
Le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, a tempéré le tableau : "Nous avons regardé de très près la situation de la région antérieurement à la fusion", a-t-il déclaré sur Public Sénat et Sud Radio. "Il n'y a pas eu de phénomène qui aurait mérité une réaction de notre administration, en tous cas d'après ce que j'ai vu." Mais pour Olivier Chartier, sans la fusion ALPC, "nous serions vraisemblablement en train de constater la faillite et la banqueroute de la région" Poitou-Charentes. Pas de panique pour autant : la grande région, dont EY salue la "performance" financière d'ensemble, assume. Alain Rousset n'a pas manqué de le souligner, "c'est le budget de l'Aquitaine, par sa masse et par sa rigueur, qui va permettre d'absorber les problèmes de Poitou-Charentes". Mais il faudra "des économies", et "arrêter" certaines politiques engagées par Poitiers.
Ségolène Royal défend « son laboratoire d’idées »
Ulcérée, Ségolène Royal n'a pas exclu vendredi de porter plainte pour des "propos diffamatoires". Elle a dénoncé "l'extravagance" d'un audit payé "sans doute très cher" (20.000 euros selon la Région) à EY, des "méthodes d'Etat totalitaire" consistant à "jeter en pâture des chiffres et des gens" sans "qu'ils aient été entendus", sans "méthode contradictoire", comme le ferait la Chambre des comptes. L'objectif, a-t-elle assuré à l'AFP, est "de noircir la situation de la région pour justifier des hausses d'impôts et le prélèvement de la taxe sur l'essence que s'apprête à faire Alain Rousset".
Derrière ces attaques, elle soutient que c'est "la réussite" de sa politique "qui dérange", dans un Poitou-Charentes que la future ministre de l'Ecologie présida de 2004 à 2014. Et qu'elle a toujours vanté comme "laboratoire d'idées". Le tout "sans augmenter pendant dix ans les impôts", ou prélever la taxe sur l'essence.
Source : leJDD.fr 09-04-2016