Après avoir pris le contrôle de Palmyre, Daech qui contrôle la moitié du territoire syrien, vise la prise de Damas. Mais il n'est pas le seul à vouloir conquérir la capitale syrienne. D'autres groupes sont sur les rangs.

Alors qu'avec la chute de Palmyre mercredi 20 mai, les jihadistes de Daech contrôlent désormais la moitié du territoire syrien, c'est une étape de plus dans la «course à Damas» qui a été franchie, selon le spécialiste du monde arabe contemporain Gilles Kepel, alors que «le régime syrien est à bout de souffle», précise-t-il sur BFM-TV. L'armée régulière de Bachar al-Assad subit ces derniers mois une série de revers militaires.

Mais Daech a un sérieux rival : l'Armée de la conquête, une nouvelle coalition rebelle, formée de sept groupes islamistes dont le Front Al-Nosra  affilié à Al-Qaïda.

Selon «Libération», cette nouvelle alliance collabore également avec des formations considérées comme modérées, tel Fursan al-Haq, à qui les Etats-Unis ont fourni des armes.» Une situation compliquée qui semble déconcerter les occidentaux depuis quelques jours.

Damas est l’enjeu principal

Pour Fabrice Balanche, géographe spécialiste de la Syrie, «il est clair qu'il y a une nouvelle bataille de Damas qui se prépare. Il reste des poches rebelles autour de Damas et celui qui arrivera à les «sauver» sera accueilli en libérateur». «Mais l'armée d'Assad renforce sa défense. Le Hezbollah et des milices chiites sont en place», explique-t-il sur le site FranceTVinfo.

A la question qui entrera en premier à Damas ? «Entrer dans un duel avec le régime est dangereux. Chaque groupe prendrait le risque de s'affaiblir davantage. Pour l'instant, chacun cherche à conquérir de l'espace et à rallier plus d'hommes», estime sur « France Info » Hasni Abidi, le directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. «Mais Damas est un enjeu de taille», poursuit-il.

Les forces de Bachar al-Assad affaiblies

Le régime syrien subit ces derniers mois une série de revers militaires, avec notamment la perte de la ville d’Idlib. L'armée est sollicitée depuis 2011. Des manifestations anti-régime pacifiques, dans la lignée du Printemps arabe, ont été réprimées dans le sang, le conflit a dégénéré en une guerre civile complexe, entraînant une désertion massive dans les rangs de l'armée loyaliste, dirigée par les alouites chiites, la communauté de Bachar al-Assad. En 2013, les jihadistes du groupe Etat islamique font leur entrée dans le conflit syrien.

«L’armée syrienne tient grâce au soutien de l’Iran et de la Russie. L’Iran fournit notamment 50.000 hommes et le Hezbollah libanais environ 20.000. Sans eux, le régime tombe et Daech s’empare de Damas», estime l'islamologue Mathieu Guidère dans «Challenge». Le mouvement libanais lutte actuellement contre les insurgés dans la région montagneuse du Qalamoun, «sa plus dure bataille». Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a ainsi demandé ce jeudi 21 mai à la Russie de davantage s'impliquer contre Daech. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé que son pays était prêt à répondre à «toutes» les demandes de fourniture d'armements de Bagdad.

Dix-sept exécutions

A ce jour, Daech contrôle la majeure partie des provinces de Deir Ezzor et Raqa (nord), et a une forte présence à Hassaké (nord-est), Alep (nord), Homs et Hama (centre). Il est aussi maître de la quasi-totalité des champs pétroliers et gaziers de Syrie. Recourant à de nouvelles exactions, les combattants de l'EI ont exécuté au moins 17 personnes, des civils et des militaires pro-régime, quelques heures après la conquête de Palmyre.

Source : LeParisien.fr  21-05-2015